

The Little Mosque
The Little Mosque
Video transcript
Islam on Tap
Things are going well in J.J. and Rayyan´s courtship until J.J. learns that Rayyan has had some “Western dates” in her life. Making matters worse, Rayyan has mementos of these dates that she keeps in a shoe box. Sarah agrees to take part in a fundraising talent show. Having taken lessons as a child, she settles on a tap dance routine, but Rayyan and Baber think she shouldn´t be seen dancing in front of men. Baber thinks she´d be setting a bad example for Layla. Meanwhile, Yasir heads off to Dubai for a few weeks of work.
Production year: 2007
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J.J et RAYYAN se rejoignent au restaurant de FATIMA.
J.J.
T'as l'air un peu fatiguée.
RAYYAN
Oh oui, c'est de la folie
à l'hôpital en ce moment.
Le couple s'assoit à une table.
J.J.
Eh bien, si on se marie,
ce ne sera plus un problème.
RAYYAN
Et pour quelle raison?
J.J.
En tant que musulman dévot,
aucune de mes femmes
n'aura à travailler.
Ah, je suis désolé. Je croyais
que t'avais compris.
RAYYAN
Mais...
J.J.
Classique! J'aurais dû
avoir un appareil photo!
RAYYAN est soudainement soulagée et rit avec J.J.
RAYYAN
Pourquoi? Pour me voir
en train de te tuer?
J.J.
Selon la loi musulmane,
tu n'as pas le droit
de me toucher avant le mariage.
RAYYAN
C'est juste.
(Tenant une fourchette)
Mais avec ça, oui.
J.J.
Tu parais moins fatiguée
tout à coup.
Titre :
La petite mosquée dans la prairie
Claquettes illicites
Chez les Hamoudi, YASIR entre en trombe dans le salon où SARAH lit paisiblement.
YASIR
Chérie, chérie, j'ai
une nouvelle fantastique!
Je viens de parler
au père de J.J.
et il a suggéré que maintenant
qu'on allait être parents,
j'aille travailler
pour lui à Dubaï.
SARAH
Oh! On va à Dubaï!
YASIR
Non, juste moi.
SARAH
Quoi?
YASIR
Juste pour deux semaines.
Il a besoin d'un chef d'équipe
quelque temps pour travailler
sur la plus haute tour du monde!
SARAH
Tu peux pas tout arrêter pour
y aller. Et ton travail ici?
YASIR
(Donnant un papier à SARAH)
Regarde la somme
qu'il va me payer.
SARAH
Je vais chercher ta valise.
RAYYAN et J.J. discutent ensemble au restaurant de FATIMA.
J.J.
Comment tu penses
que ça se présente?
RAYYAN
Et toi, comment tu penses
que ça se présente?
J.J.
J'ai l'impression que...
oui, que ça roule,
mais je peux pas être sûr.
J'avais jamais fait la cour
à une fille avant.
RAYYAN
Vraiment? Tes parents
n'ont jamais essayé
d'arranger ce genre de sortie?
J.J.
Mon père était toujours
débordé de boulot.
Et moi, j'étais pris
par mes études d'ingénieur.
RAYYAN
T'avais une drôle de coiffure.
J.J.
Exact.
RAYYAN
Et ces grosses
lunettes grotesques.
J.J.
Ça aussi.
RAYYAN
Ah, et ce pantalon
vraiment très moche, J.J.
Vraiment très moche.
J.J.
Ça va. Désolé. On pouvait pas
être aussi cool que toi.
RAYYAN
Je sais pas si j'étais cool.
Mais avant de devenir
pratiquante, j'ai peut-être
flirté une ou deux fois.
J.J.
Ah oui, quel genre de flirt?
RAYYAN
Oh... La bibliothèque,
des glaces...
J.J.
Tiens, tu vois? Flirté deux
fois. T'en as de l'expérience.
RAYYAN
(Riant)
J'en étais sûr.
J.J.
Qu'est-ce qui s'est passé
à la bibliothèque?
RAYYAN
Ça remonte à loin maintenant.
J.J.
T'as raison. C'est pas grave.
RAYYAN
Non.
J.J.
Mais que s'est-il passé?
FATIMA arrive pour prendre la commande. RAYYAN a repris sa fourchette et la tient bien haut.
RAYYAN
Tu veux vraiment
que je te plante
cette fourchette
dans la trachée?
FATIMA
Je reviens.
SARAH marche dans la rue. Une dame l'interpelle.
DAME
Oh, Sarah, vous voulez
bien nous aider
à récolter des fonds
pour le refuge des animaux?
SARAH
Je ne pourrai pas supporter
une autre vente de gâteaux.
DAME
Non, cette année,
c'est un spectacle.
Allez, signez. On a besoin
de candidats pour les auditions.
SARAH
D'accord. Voilà.
DAME
Vous venez de réussir l'audition.
SARAH
Mais j'ai signé, tout simplement.
DAME
(Tendant une enveloppe)
Et vous vendrez dix billets.
SARAH
Ah, je vois. Le système
de la pyramide.
DAME
C'est exact.
Mais elle est caritative.
AMAAR reçoit le RÉVÉREND MCGEE dans son bureau de la mosquée. Il ferme la porte du bureau.
RÉVÉREND MCGEE
Qu'est-ce qui se passe?
AMAAR
J'ai une carte «faites un bon
voyage à Dubaï» pour Yasir.
Je veux que tout le monde la signe.
RÉVÉREND MCGEE
Ah! Qui d'autre a signé?
AMAAR
Vous êtes le premier.
RÉVÉREND MCGEE
Non, non, non. Je ne peux pas
être le premier à signer tout
ce vaste espace vide
pour revendiquer son droit.
AMAAR
Vous pouvez y arriver.
RÉVÉREND MCGEE
Quand il y a eu
la ruée vers l'or,
regardez ce qui est arrivé
à la pauvre personne
qui est arrivée en premier.
AMAAR
Elle a trouvé de l'or.
Et c'est pour ça qu'il y a eu
une ruée vers l'or.
RÉVÉREND MCGEE
D'accord. Mauvais exemple.
Non, trouvez quelqu'un d'autre
pour signer avant moi.
AMAAR
S'il vous plaît.
Signez la carte.
(Montrant son nouveau stylo)
J'ai un stylo qui brille.
RÉVÉREND MCGEE
Je reprends les paroles
de Saint Thomas d'Aquin: non.
AMAAR
Quand a-t-il dit ça?
RÉVÉREND MCGEE
Sans doute quand quelqu'un lui
a demandé de signer une carte.
SARAH arrive au bureau de YASIR où RAYYAN est déjà.
SARAH
Il y a un spectacle
de bienfaisance
au centre communautaire.
YASIR
Ça va être horrible.
SARAH
Je vais y participer.
YASIR
Ah, ça va être
une soirée magique, ma chérie.
Et tu vas être?
SARAH
Danseuse de claquettes.
RAYYAN
Tu sais faire ça?
SARAH
Ça fait un bail, mais j'ai
pris des leçons, étant jeune.
Je crois pas que les pas
aient changé.
RAYYAN
Toi, tu as changé.
Tu es musulmane.
SARAH
J'ai pas droit aux claquettes?
RAYYAN
«Islamiquement» parlant,
danser devant le sexe opposé,
c'est provocateur.
SARAH
Je ne fais pas un «striptease»,
mais des claquettes.
RAYYAN
Mais tu vas être sur scène
devant des hommes.
SARAH
En faisant des claquettes.
RAYYAN
C'est--
SARAH
Des claquettes.
RAYYAN
Je crois que--
SARAH
Des claquettes.
RAYYAN
Papa?
YASIR
Tu es maudite.
Même en faisant des courses,
tu as une allure provocatrice.
SARAH
Je peux pas faire les courses?
RAYYAN
Tu peux pas y aller
en faisant des claquettes.
SARAH
Écoute, je suis une danseuse.
Une danseuse, automatiquement,
elle ondule.
Eh oui, je suis musulmane, mais
je ne fais que suivre mon coeur.
Combien de billets
vous me prenez?
RAYYAN et YASIR ouvrent leur porte-monnaie.
RAYYAN
Je peux te poser une question?
SARAH
Oui.
RAYYAN
Est-ce qu'onduler, c'est danser?
SARAH
C'est danser, oui.
SARAH profite de l'heure de la prière à la mosquée pour vendre ses billets.
SARAH
(S'adressant à une acheteuse)
Merci.
BABER et LAYLA arrivent à la mosquée.
SARAH
Ah! Baber!
Ça te plairait de voir
un membre de la mosquée
faire des claquettes au cours
d'un spectacle de bienfaisance?
BABER
Un homme qui danse
devant des hommes, c'est ça?
Ça a l'air admissible.
SARAH
Non, c'est moi. Je danserai
devant un public mixte.
BABER
Quoi? C'est hors de question.
SARAH
Qu'en penses-tu, Layla?
BABER
Pour qu'elle te voie effectuer
des mouvements lubriques?
Bel exemple pour les jeunes.
LAYLA
Une autre jeune
innocente égarée
dans le monde
hardcore des claquettes?
BABER
Tu vois? Elle devient
Mme Je-Sais-Tout.
SARAH
Elle a toujours été comme ça.
(S'adressant à LAYLA)
Ne te vexe pas.
LAYLA
Ça va.
BABER
Pas de billets. Sors.
Va répandre
tes insanités ailleurs.
SARAH
Mais, mais je ne peux pas
m'empêcher d'onduler,
C'est ma nature, parce que
je suis une danseuse.
RAYYAN et J.J. profitent d'un moment libre pour marcher en ville.
J.J.
(Passant devant un bar laitier)
Ah, regarde, des glaces.
Tu veux un cornet?
RAYYAN
Oh, je sais pas trop.
J.J.
Tu aimes toujours
les glaces, j'espère?
RAYYAN
Pourquoi? Ah, parce que
je suis allée manger une glace
avec ce type au lycée?
J.J.
Ah, pitié. J'avais déjà
oublié que t'avais...
pris une glace avec ce type et...
et qu'ensuite, t'es allée
à la bibliothèque avec lui.
Ou peut-être même
que c'était un type différent.
Qui sait?
RAYYAN
Je suis contente de voir
que ça te dérange pas.
AMAAR est avec BABER dans son bureau.
AMAAR
J'ai une carte pour souhaiter
bon voyage à Yasir
et je veux que vous soyez
le premier à la signer.
BABER
Pardon? La place du mort?
Oh non, pas question
de signer avant vous.
AMAAR
Bon.
AMAAR signe le premier.
BABER
(Lisant)
«Dubaï bye. Amaar.»
Dubaï bye.
AMAAR
C'est une blague.
BABER
Pas terrible.
AMAAR
Allez, signez.
BABER
Qu'est-ce que vous allez faire
pour Sarah Hamoudi, hein?
Elle va s'exhiber
devant toute la ville.
AMAAR
Le spectacle de bienfaisance?
Je trouve... que vous voyez
tout en gris, Baber.
Je trouve que
vous dramatisez trop.
BABER
Et moi, je trouve
que je dramatise pas assez.
Danser devant le sexe opposé
conduit à la luxure.
AMAAR
Ce sont des claquettes.
C'est la moins «sexy»
de toutes les danses.
Ajoutez quatre hommes
chantant en harmonie
et vous êtes sûr
de fusiller l'ambiance.
BABER
Une femme qui danse
en public, c'est intolérable.
AMAAR
(Lisant le message écrit par BABER)
«Frère Yasir,
personne ne mérite plus
cette opportunité que toi.
C'est un honneur
de t'avoir comme ami.
Baber.»
AMAAR
Maintenant, j'ai l'air fin
avec mon «Dubaï bye».
BABER
Vous voyez pourquoi
c'est la place du mort?
RAYYAN et J.J. mangent une glace au parc.
RAYYAN
Donc, on est venus ici exprès
pour passer devant
le marchand de glaces.
J.J.
C'est si terrible?
RAYYAN
Et après, on va aller
à la bibliothèque?
J.J.
Eh bien, pas maintenant, non.
RAYYAN
Tu veux rivaliser
avec mon histoire?
J.J.
Je suis désolé. J'ai...
Je suis un peu jaloux
de ton aventure avec l'autre,
Johnny qui fourgue ses glaces.
RAYYAN
Il s'appelait Merl.
J.J.
C'est encore bien plus atroce.
RAYYAN
C'était les années 90 et tout
le monde mangeait des glaces.
Ça faisait partie de l'époque.
J.J.
Désolé. Je suis stupide.
RAYYAN
Pas stupide.
Juste pas sûr de toi.
Un peu ignorant.
Stupide, c'était le bon mot.
LAYLA regarde la télévision. Son père, BABER entre dans le salon.
BABER
Layla, qu'est-ce que
tu regardes?
Tu sais que je n'aime pas
ce programme où les femmes
sont assises
si près des hommes.
LAYLA
C'est le journal télévisé
et c'est pas ce que je regarde.
BABER
Alors, qu'est-ce que
tu regardais?
LAYLA
Écoute, tu te rappelles
quand tu parlais à Mme Hamoudi?
Tu as dit que la danse devant
le sexe opposé était interdite.
BABER
Oui.
LAYLA
Alors, comment tu expliques
cette petite scène au mariage
de l'oncle Raphaël?
LAYLA fait jouer une vidéo où BABER danse avec plusieurs femmes.
BABER
Je savais pas
qu'il y avait une caméra.
Ah... ah oui.
LAYLA arrête la vidéo.
BABER
En fait, c'est très difficile
à expliquer.
LAYLA
C'est encore plus difficile
à regarder.
Tu devrais pas présenter
des excuses à Mme Hamoudi?
BABER
Chérie, c'est compliqué.
Les règles sont--
LAYLA
Que tu as le droit de danser
en public, mais pas elle.
BABER
Je lui parlerai demain.
LAYLA
Ce serait dommage
que ce DVD soit mis
sur Internet ce soir.
BABER
J'y vais tout de suite.
À la mosquée, le RÉVÉREND MCGEE marche dans le couloir. AMAAR l'aperçoit et l'interpelle.
AMAAR
Duncan!
(Présentant la carte)
C'est à vous.
RÉVÉREND MCGEE
Ah oui, c'est la carte que
vous m'avez déjà présentée.
AMAAR
Vous n'êtes plus le premier.
Baber et moi l'avons signée.
RÉVÉREND MCGEE
Je ne suis pas encore prêt.
AMAAR
Tut, tut, tut!
Ce n'est pas de la chute libre.
Signez la carte.
RÉVÉREND MCGEE
Amaar, j'ai toujours
l'angoisse quand je signe
des cartes.
Je suis un homme d'Église
et tout le monde pense
que je vais être inspiré.
Enfin, vous savez ce que c'est.
Non, vous savez peut-être pas
ce que c'est.
(Lisant)
«Dubaï bye»?
AMAAR
Tous aiment les blagues.
Pourquoi je pourrais pas
faire de l'humour?
RÉVÉREND MCGEE
Amaar, ce n'est pas
un quelconque sermon
qui va disparaître dans l'air.
Ce sont des écrits.
AMAAR
Je crois que j'aurais dû
écrire toute une phrase.
RÉVÉREND MCGEE
Avec un peu de chance,
il aura le pouce dessus
quand il lira la carte. Hum.
Le RÉVÉREND rend la carte sans la signer.
Chez les Hamoudi, YASIR a déjà commencé sa valise. BABER entre dans le salon où YASIR a étalé ses vêtements.
BABER
Tu fais ta valise pour Dubaï?
Tu ne pars pas
avant une semaine.
YASIR
On voit que
tu me connais pas bien.
Je suis un maître
dans l'art d'empaqueter.
BABER
Ah...
YASIR
Et je suis en train
de réaliser mon chef-d'oeuvre:
deux semaines, un bagage cabine.
BABER
Cet avion n'a pas de soute
pour les valises?
YASIR
C'était en 1987.
J'arrive à destination
et j'attends. Pas de valise.
J'attends un peu plus.
Pas de valise.
BABER
Ils avaient perdu tes bagages?
YASIR
En fait, j'étais pas devant
le bon tapis, mais...
j'oublierai jamais
cette impression.
Juste une chose me préoccupe.
BABER
Qu'est-ce que c'est?
YASIR
Que fais-tu chez moi?
Dans la cuisine, SARAH danse la claquette en tenant une vadrouille en guise de canne.
BABER
(Entrant dans la cuisine)
Sarah?
SARAH
Hum?
BABER
Je suis venu te dire quelque
chose du fond de mon coeur.
SARAH
Qu'est-ce qu'il y a, Baber?
Il faut que je m'entraîne.
BABER
J'en ai pour
une petite minute.
Après mûres réflexions,
j'ai décidé de...
SARAH
Qu'est-ce qu'il y a, Baber?
Qu'est-ce qu'il y a?
BABER
Après mûres réflexions,
j'ai fini par décider que...
SARAH trébuche et la vadrouille frôle BABER.
BABER
(Évitant la vadrouille)
Ah! Oh!
Ma première idée était la bonne.
Tu ne peux pas danser en public.
SARAH
Quoi? Parce que ce sera un
mauvais exemple pour ta fille?
BABER
Oui, en un sens.
SARAH
Eh bien, Baber,
tu as un sacré culot.
Tu peux me faire un sermon
à la mosquée-
BABER
Oui, oui, oui, je sais.
J'ai beaucoup de culot,
mais ne danse pas. Bye bye.
SARAH continue de s'entraîner et finit par glisser sur le plancher. BABER se dirige vers la sortie et croise YASIR qui descend l'escalier.
BABER
Yasir, j'ai dit à ta femme
qu'elle ne pouvait pas danser
à cause de l'islam.
J'ai changé d'avis depuis.
Elle ne peut pas danser,
point final.
YASIR
On peut plus l'arrêter.
Ses parents ont payé les cours.
BABER
Qu'ils se fassent rembourser!
YASIR
(Observant SARAH qui danse)
On dirait qu'il y a
le feu au parquet
et qu'elle essaie
de l'éteindre avec ses pieds.
BABER
Ce balai est une arme fatale.
YASIR
Sors de chez moi
tout de suite!
BABER
Yasir, je veux simplement
lui épargner--
YASIR
Oui, je sais. J'essaie juste
de marquer des points
avant de partir.
(S'exclamant)
Je ne plaisante pas! Dehors!
BABER
(Parlant plus fort)
Je n'avais pas
le droit de venir.
Tu as bien fait
de me remettre à ma place.
(Plus bas)
Je me sens utilisé.
SARAH continue sa danse.
J.J. et RAYYAN continuent leur promenade.
J.J.
Enfin, bref,
je suis vraiment désolé.
J'espère que tu m'en veux pas.
RAYYAN
Tant qu'on ne retourne pas
manger de la glace
ni d'esquimaux.
J.J.
Et pour les sorbets?
RAYYAN
Je vais y réfléchir.
Je t'aime bien
et mon passé n'est
que mon passé.
Et mes amis du passé ne sont
plus que des souvenirs
dans des boîtes à chaussures.
J.J.
Tu as une boîte à chaussures?
Qu'est-ce qu'il y a dedans?
RAYYAN
Juste des lettres, des photos
et des affaires de la fac.
J.J.
De tes copains?
RAYYAN
Oui. Tu n'as jamais gardé
de boîtes à chaussures?
J.J.
Si, quelques-unes, mais il y a
des chaussures à l'intérieur.
Quand est-ce que
tu comptais m'en parler?
RAYYAN
Hé! Hé! C'est le passé.
C'est envolé.
J.J.
Non, c'est pas envolé.
C'est préservé.
Je dirais même
conservé, momifié.
RAYYAN
Arrête de faire l'enfant.
J.J.
Dîne avec ta boîte
à chaussures ce soir.
RAYYAN
Je passerais certainement
une meilleure soirée.
Je t'appelle bientôt.
J.J.
Si ça colle avec mon
«aguenda».
RAYYAN
Qu'est-ce qu'il raconte?
«Aguenda?»
J.J. cherche conseil auprès de FATIMA à son restaurant.
J.J.
Fatima, enfin, si tu
t'intéressais à un homme
et qu'il gardait ses souvenirs
d'autres femmes dans une boîte
à chaussures, tu lui demanderais
de s'en débarrasser?
FATIMA
Bien sûr que non.
J.J.
D'accord.
FATIMA
Je m'arrangerais pour que
la boîte tombe accidentellement
dans le four.
J.J.
Je crois pas que ça m'avance
beaucoup.
FATIMA
J.J., les femmes
aiment les hommes
qui sont tranquilles
et sûrs d'eux.
J.J.
Moi, je ne suis
ni tranquille ni sûr de moi?
FATIMA
Je te signale qu'il y a
la queue derrière toi.
J.J.
Je comprends.
FATIMA
Ah, ça, j'en suis pas sûre.
(Montrant les clients qui attendent)
Il y a beaucoup
de queue derrière toi.
J.J. se rend finalement compte qu'il fait attendre tout le monde.
BABER rentre chez lui.
LAYLA
(Attendant son père)
Tu ne t'es pas excusé.
BABER
Layla, je l'ai vue danser.
LAYLA
Et tu as été choqué?
BABER
En un sens. Chérie, elle ne
sait pas faire des claquettes.
Elle va se ridiculiser
devant toute la ville.
LAYLA
Bien sûr qu'elle sait
faire des claquettes.
BABER
Tu l'as vue danser?
LAYLA
Bien... non.
BABER
Qui tu vas croire?
Moi ou pas moi, hein?
Tu vas me donner ce disque?
LAYLA
D'accord. Tiens, voilà.
BABER
Il y a d'autres copies?
LAYLA
À toi de me le dire.
Le lendemain, le RÉVÉREND rejoint AMAAR au comptoir du restaurant de FATIMA. FRED TUPPER, l'animateur de radio locale est aussi assis au comptoir.
RÉVÉREND MCGEE
J'ai trouvé.
AMAAR
Trouvé quoi?
RÉVÉREND MCGEE
Le texte pour la carte de Yasir:
(Se citant lui-même)
«Quand Yasir travaille sur le
plus grand gratte-ciel du monde,
il emporte un petit morceau
de Mercy tout là-haut,
près des étoiles.»
FRED
C'est la phrase la plus bête
que j'aie jamais entendue.
AMAAR
C'est très bon.
RÉVÉREND MCGEE
Il y a un prix Nobel
pour les textes sur les cartes?
AMAAR
Il y en a pour tout le reste.
RÉVÉREND MCGEE
Je suis prêt. Elle est où?
FRED
(Rendant la carte qu'il vient de signer)
Voilà.
RÉVÉREND MCGEE
(S'adressant à FRED)
Vous avez volé ma phrase?
FRED
Quand on sèche, on sèche.
Le RÉVÉREND rend la carte à AMAAR sans la signer.
SARAH profite de nouveau de l'heure de la prière pour vendre des billets du spectacle-bénéfice.
SARAH
Merci, Mme Nisrallah.
Peut-être qu'après le spectacle,
vos enfants voudront prendre
des cours de claquettes.
SARAH s'éloigne et BABER surgit pour s'adresser à Mmme Nisrallah.
BABER
Il ne faut pas aller
à ce spectacle.
Ça ne va être
qu'un hymne à la luxure.
En plus, terriblement gênant.
LAYLA
(Intervenant)
Si Mme Nisrallah ne peut pas
aller au spectacle,
elle peut peut-être
en apprécier un autre,
sur un DVD, par exemple.
BABER
On n'arrête pas la musique.
Bon spectacle!
SARAH continue ses répétitions chez elles.
SARAH
(Dansant)
Hop, hop, hop, hop!
Croisé. Hop. Lissé.
Hop, hop. Et hop, hop, hop!
YASIR entre dans la salle à manger.
YASIR
Chérie, rassure-moi,
tes parents ont eu
une ristourne pour les cours?
SARAH
Le jour du spectacle,
j'aurai l'air de
Bill Pojangles Robinson.
Euh, Ruby Keeler?
YASIR
Oh, Ruby, oui...
Tu trouves pas curieux
que les noms que tu cites
remontent à plus de 50 ans?
SARAH
Qu'est-ce que tu fais?
Déposant un objet étrange sur la table.
YASIR
Regarde bien.
J'ai construit...
une réplique de cette chose
à l'aéroport qui mesure la taille
des bagages en cabine.
SARAH
C'est déjà pas drôle de
te voir partir deux semaines,
mais te voir perdre une semaine
pour tes valises...
YASIR
Oui, mais pense au temps
que je vais gagner en arrivant.
SARAH
Vas-y, montre-moi.
YASIR dépose son bagage à main dans l'objet. La valise s'y insère parfaitement.
SARAH
Impressionnant.
YASIR
Oui, mais ça rentre
trop facilement.
J'ajoute un slip de bain.
C'est au tour de FATIMA de signer la carte dans le bureau d'AMAAR.
AMAAR
Qu'est-ce que
vous écrivez? Un essai?
FATIMA
Un conte populaire nigérien.
AMAAR
Vous allez manquer de place.
FATIMA
Pendant que j'y suis,
si une femme conserve
une boîte de souvenirs
des hommes qu'elle a connus,
et si l'homme de sa vie
aujourd'hui lui dit
de s'en débarrasser,
qu'est-ce que vous lui
conseillez?
AMAAR
Euh, je dirais à l'homme
qu'il donne trop de pouvoir
à des objets inanimés.
Il doit faire confiance
à la femme et à Allah.
FATIMA
Merci.
Vous êtes un excellent imam.
AMAAR
(Riant)
Je suis plutôt bon, hein?
Plus tard, au restaurant, FATIMA prodigue ses conseils avisés à J.J.
J.J.
Faire confiance à Rayyan,
faire confiance à Allah.
Ça, c'est un excellent conseil.
FATIMA
Je suis plutôt bonne,
n'est-ce pas?
SARAH termine de se préparer pour la soirée-bénéfice. RAYYAN regarde les vieux souvenirs de sa boîte à chaussure.
RAYYAN
Tu es prête pour ce soir?
SARAH
Aussi prête
que Donald O'Connor.
RAYYAN
Qui?
SARAH
Peu importe.
RAYYAN
Maman, J.J. et moi,
on s'est disputés.
SARAH
Qu'est-ce qui s'est passé?
RAYYAN
Regarde. Il veut
que je m'en débarrasse.
SARAH
Ah!
(Parlant de chaussures)
Des Manolo!
Mais elles sont géniales.
SARAH
Je peux les avoir?
RAYYAN
Mais non, c'est une boîte
qui est pleine de vieux trucs.
SARAH
Tu lui as parlé de ta boîte?
RAYYAN
Oui.
Tu sais, moi, je n'ai pas
parlé à ton père
de ma boîte à chaussures
avant dix ans.
Et même après tout ce temps,
ça a été un peu tendu.
RAYYAN
Oh, mais je ne savais pas.
SARAH
Ne jette pas un homme bien
à cause de ça. Je veux dire:
si c'était des chaussures,
peut-être.
RAYYAN
Merci, maman.
SARAH
Allez.
Du côté de chez BABER, LAYLA sermonne son père.
LAYLA
C'est déjà grave
que tu ne veuilles pas
laisser danser Mme Hamoudi,
mais quand tu mens
et que tu dis
qu'elle n'est pas bonne,
c'est pire.
BABER
D'accord. Ça suffit.
Tu m'accuses, moi,
ton père, de mentir.
Tu ne me laisses pas le choix.
Nous irons au spectacle.
LAYLA
Quoi?
BABER
Tu verras que je dis
la vérité.
LAYLA
Tu vas regarder la danse
formellement interdite?
BABER
Non, toi. Moi, je couvrirai
mes yeux horrifiés.
LAYLA et J.J. prennent un café ensemble chez FATIMA.
J.J.
Dans cette boîte,
il y a que des objets.
Et à partir de maintenant,
j'ai confiance en toi
et en Allah.
RAYYAN
Non, tu avais raison. Si tout
le passé est vraiment passé,
alors pourquoi je m'y accroche?
J.J.
Parce que c'est
une partie de toi et...
et je t'aime beaucoup.
Écoute.
Tu gardes ton passé.
À partir d'aujourd'hui,
je me concentre sur notre futur.
RAYYAN
C'est bien.
Ça fait un peu cliché.
J.J.
Je ne fais que paraphraser
quelque chose
que j'ai vu sur la carte
de ton père.
AMAAR, qui est assis au comptoir, regrette ses paroles.
AMAAR
(S'adressant à FATIMA)
Alors, j'ai permis à J.J.
et Rayyan de se réconcilier?
FATIMA
Oui. Pourtant, à un moment,
ils semblaient avoir
de gros problèmes.
Mais maintenant, ils paraissent
beaucoup plus proches.
AMAAR
Oui...
J'ai l'impression
qu'ils s'amusent bien.
FATIMA
Eh oui, c'est dommage
que tout ceci doive se
terminer... par des claquettes.
La salle communautaire est pleine de monde. C'est le moment du spectacle-bénéfice. BABER et LAYLA sont assis à une table.
BABER
Prépare-toi. Attention.
YASIR rejoint J.J. et LAYLA.
YASIR
Je suis là, je suis là.
Juste à temps.
Désolé. Je mesurais
les liquides,
la quantité exacte autorisée
dans les bagages en cabine,
et c'est fait.
RAYYAN
Donc, tu as
la valise parfaite.
YASIR
La valise immaculée. Elle
mérite le Musée de l'aviation.
J.J.
Dommage que vous soyez
obligé de l'ouvrir.
YASIR
Oui.
PRÉSENTATEUR
Notre prochaine concurrente:
Sarah Hamoudi.
SARAH se présente sur la scène. YASIR lui fait de grands signes de la main.
BABER se cache les yeux avant même que la musique ne commence.
Quelqu'un envoie une canne depuis les coulisses. SARAH l'attrape et commence son numéro.
YASIR
C'est pas croyable.
Elle est vraiment bien.
Pourtant, ses répétitions
étaient horribles.
RAYYAN
Oui. Tu lui as peut-être
redonné confiance
et comme ça, elle a cru en elle.
J.J.
Ou parce qu'elle a répété
toute la semaine.
RAYYAN
Oui, ça paraît plus logique.
BABER regarde entre ses doigts ouverts.
BABER
(S'adressant à LAYLA)
Elle est fantastique.
Oh, je suis très choqué.
Elle est vraiment très bonne.
LAYLA
Toi aussi,
tu danses bien, papa.
SARAH termine son numéro. Tous applaudissent chaleureusement.
BABER
(Se levant pour applaudir)
Ouh!
Le lendemain, AMAAR joue aux fléchettes dans son bureau. Le RÉVÉREND entre et évite une fléchette au passage.
RÉVÉREND MCGEE
Alors, vous avez réconcilié
Rayyan et J.J.?
Ah, je trouve ça
formidable de votre part.
AMAAR
Oui.
RÉVÉREND MCGEE
Je vais vous dire, Amaar:
Sur la cible du jeu de dards, AMAAR a fixé une photo de lui-même.
RÉVÉREND MCGEE
Je... je vais signer
votre carte. C'est celle-là?
AMAAR
Fatima a pris toute la place
de toute manière.
RÉVÉREND MCGEE
Il reste de la place
au verso pour... quatre mots.
Hum? Quatre mots,
il y a pas trop de risques.
YASIR s'avance en lisant sa carte de bons vœux. Un douanier l'arrête.
DOUANIER
C'est vous, la bombe?
YASIR
Hum?
(Retournant la carte)
Non, c'est une blague
d'un de mes amis.
DOUANIER
Ouvrez sa valise.
YASIR
Non, non, non.
Ne l'ouvrez pas. S'il vous
plaît! Ne l'ouvrez pas!
DOUANIER
(Parlant dans un émetteur)
On a un suspect.
Évacuez le secteur.
Il va falloir la faire exploser.
Autour, les gens se mettent à l'abri et paniquent.
YASIR
Non, non, non, pitié!
C'est la valise parfaite,
c'est tout!
Je suis très bon
pour ranger mes affaires.
Plus tard, le douanier revient avec la valise fumante de YASIR.
DOUANIER
M. Hamoudi, vous êtes libre.
Je dois reconnaître
que j'ai jamais vu
une valise aussi bien faite.
L'explosion a provoqué
un cercle parfait.
Pourquoi il n'arrive
des problèmes
qu'aux valises bien faites?
DOUANIER
(Rendant le billet à YASIR)
Bon voyage.
Générique de fermeture